book

2010 indice de la faim dans le monde

Relever le defi de la faim objectif : eradiquer la sous-alimentation infantile
by Klaus von Grebmer,
Marie T. Ruel,
Purnima Menon,
Bella Nestorova,
Tolulope Olofinbiyi,
Heidi Fritschel,
Yisehac Yohannes,
Constanze von Oppeln,
Olive Towey,
Kate Golden and
Jennifer Thompson
Publisher(s): welthungerhilfeinternational food policy research institute (ifpri)concern worldwide
Open Access

A cinq ans de la date butoir fixée pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), parmi lesquels celui de réduire de moitié la proportion de la population qui souffre de la faim, le rapport « L’indice de la faim dans le monde 2010 », en anglais « 2010 Global Hunger Index (GHI)», offre une vision utile et pluridimensionnelle de la faim dans le monde. Ce rapport fait état de quelques améliorations entre 1990 et 2010, avec une diminution du GHI de près d’un quart pendant cette période. Toutefois, cet indice demeure à un niveau élevé correspondant à une situation « grave » En effet, le seuil historique du milliard de personnes souffrant de la faim a été franchi en 2009. L’Asie du sud et l’Afrique sub-saharienne sont les régions qui présentent les indices les plus élevés bien que l’Asie du sud ait réalisé des progrès notables depuis 1990. Dans cette région, le faible statut social des femmes ainsi que leur accès limité à une nourriture suffisante et à l’éducation constituent les principaux facteurs responsables de la forte prévalence de la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans. En Afrique sub-saharienne, les politiques gouvernementales peu efficaces, les conflits, l’instabilité politique et le fort taux de prévalence du VIH/SIDA sont à l’origine du taux de mortalité infantile élevé et de la sous-alimentation d’une large partie de la population. Certains pays ont accompli de réels progrès en matière de lutte contre la faim. Ainsi, entre 1990 et 2010, l’Angola, l’Ethiopie, le Ghana, le Mozambique, le Nicaragua et le Vietnam ont connu une amélioration significative de leur GHI. Vingt-neuf pays continuent d’afficher des niveaux de faim « extrêmement alarmants » ou « alarmants ». Les pays à GHI « extrêmement alarmant », à savoir le Burundi, le Tchad, la République Démocratique du Congo et l’Erythrée, se situent tous en Afrique subsaharienne. La plupart des pays ayant un indice « alarmant » se trouvent également dans cette région et en Asie du sud. La République Démocratique du Congo a subi la plus grande détérioration de son indice, en grande partie due à la guerre et à l’instabilité politique. Il existe une corrélation inverse entre la performance économique et la faim. Les pays à haut revenu national brut (RNB) par habitant, indicateur qui permet de mesurer la richesse d’un pays, ont tendance à présenter un GHI bas. Au contraire, les pays à bas RNB par habitant ont tendance à présenter un GHI élevé. Cependant, ce lien ne se vérifie pas systématiquement. Les conflits, les maladies, les inégalités, la mauvaise gouvernance et les discriminations liées au genre peuvent entraîner des niveaux de faim supérieurs à ceux calculés en fonction du RNB du pays. Par contre, une croissance économique favorable aux pauvres, un secteur agricole performant et une plus grande égalité entre les hommes et les femmes peuvent faire reculer la faim au-delà des prévisions basées sur le revenu du pays. La persistance de la faim dans le monde s’illustre particulièrement par la forte prévalence de la malnutrition infantile. En effet, la prévalence de l’insuffisance pondérale chez les enfants de moins de cinq ans, un des trois indicateurs pris en compte dans le calcul du GHI, représente à elle seule environ la moitié de l’indice GHI mondial. La répartition géographique de la malnutrition infantile n’est pas homogène, celle-ci se concentre dans quelques pays et régions. Plus de 90% des enfants qui présentent un retard de croissance vivent en Afrique et en Asie. 40% des enfants vivant en Afrique souffrent d’un retard de croissance; en Asie, ils sont 36%. Les pays doivent redoubler d’efforts pour réduire la sous-nutrition infantile. Des études récentes ont montré que les 1000 jours qui s'écoulent entre la conception et le deuxième anniversaire de l'enfant représentent une fenêtre d’opportunité pour améliorer l’état nutritionnel et de développement des nourrissons et des jeunes enfants. C’est pendant cette période cruciale pour leur croissance que les enfants ont le plus besoin d’une alimentation adéquate, riche en nutriments et de soins prophylactiques et curatifs adaptés. C’est également pendant cette période que les interventions visant à prévenir la sous-nutrition affichent les meilleurs résultats. Après le deuxième anniversaire de l’enfant, les séquelles de la sous-nutrition sont pratiquement irréversibles. Les gouvernements devraient investir dans des interventions nutritionnelles destinées aux mères et à leurs enfants pendant cette fenêtre d’opportunité afin de combattre la sous-nutrition infantile. Ces interventions devraient se concentrer sur l’amélioration de l’état nutritionnel des femmes durant la grossesse et l’allaitement, la promotion de l’allaitement maternel exclusif, l’introduction opportune d’une alimentation complémentaire, adéquate et riche en micronutriments essentiels, l’utilisation de sel iodé et enfin la mise en place de campagnes de vaccination. Il est possible d’améliorer significativement l’état nutritionnel des jeunes enfants en garantissant au plus grand nombre l’accès à ce type de programmes. De manière générale, les gouvernements devraient également adopter des politiques visant à combattre les causes sous-jacentes de la sous-nutrition. Il s’agit principalement de l’insécurité alimentaire, du manque d’accès aux centres de santé et à des soins de qualité, mais également des mauvaises habitudes alimentaires. Autant de facteurs exacerbés par la pauvreté et les inégalités fondées sur le genre. La lutte contre les inégalités fait partie intégrante de la solution à la malnutrition infantile et doit être une des priorités des stratégies pour la réduction de la pauvreté, tout comme la mise en place de politiques vouées spécifiquement à améliorer la santé, la nutrition et le statut social des filles et des femmes.