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With research staff from more than 60 countries, and offices across the globe, IFPRI provides research-based policy solutions to sustainably reduce poverty and end hunger and malnutrition in developing countries.

Liangzhi You

Liangzhi You is a Senior Research Fellow and theme leader in the Foresight and Policy Modeling Unit, based in Washington, DC. His research focuses on climate resilience, spatial data and analytics, agroecosystems, and agricultural science policy. Gridded crop production data of the world (SPAM) and the agricultural technology evaluation model (DREAM) are among his research contributions. 

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Comment le COVID-19 pourrait perturber les chaînes de valeur alimentaires dans les pays en développement

Open Access | CC-BY-4.0

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By Thomas Reardon, Marc F. Bellemare, and David Zilberman

Translation option:

L’organisation des chaînes de valeur alimentaires (CVA) est fortement affectée par le niveau de développement économique et les facteurs tels que l’urbanisation et la mondialisation. Le nouveau coronavirus, le « COVID-19 » aura donc des impacts différents sur les CVA des pays pauvres et ceux des pays riches. Tom Reardon, Marc F. Bellemare et David Zilberman identifient ces différences structurelles et mettent en évidence les implications des blocages généralisés et des réponses politiques possibles. – Johan Swinnen, coéditeur de la série et directeur général de l’IFPRI.

Le COVID-19 se répand dans le monde en développement. De nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire signalent désormais un nombre croissant de cas et imposent par conséquent des règles de restrictions de mouvement et d’activités économique et sociale  rigoureuses qui ont des répercussions sur tous les aspects de leur économie. Comment le COVID-19 affectera-t-il les chaînes d’approvisionnement alimentaire (CVA) dans les pays en développement?

Les données empiriques actuelles suggèrent que les impacts seront profonds, mais de répartis de manière inégale. Les exploitations agricoles peuvent être épargnées du pire, tandis que les petites et moyennes entreprises (PME) dans les zones urbaines et péri-urbaines seront confrontées à des problèmes importants. Les gouvernements devront élaborer des politiques pour répondre à ces divers impacts afin d’éviter les perturbations de la CVA, la hausse des prix des produits alimentaires et les graves retombées économiques pour des millions d’employés.

Pour mettre la situation en contexte, voici ce que la littérature sur les CVA suggère pour les pays en développement (voir aussi le tableau 1 ci-dessous):

  • La plupart des consommateurs urbains et ruraux dépendent désormais des marchés, contrairement à la situation d’il y a 30 à 40 ans, alors qu’une grande partie des populations rurales vivaient « hors-réseau », dans l’agriculture de subsistance. Les consommateurs en Afrique et en Asie achètent (plutôt que de produire eux-mêmes) 80% de tous les aliments qu’ils consomment  et les CVA fournissent donc 80% de tous les aliments consommés (Reardon et al., 2019).
  • Les CVA modernes (dominées par les grandes entreprises de transformation et les supermarchés, à forte intensité en capital, et donc une intensité de main-d’œuvre relativement faible) constituent environ 30% à 50% des systèmes alimentaires en Chine, en Amérique latine et en Asie du Sud-Est, et 20% des systèmes alimentaires en Afrique et en Asie du Sud.
  • Les CVA de transition (qui s’étendent des zones rurales aux zones urbaines, et qui son fragmentées et dominées par des milliers de PME à forte intensité de main-d’œuvre) dominent les systèmes alimentaires, avec 50% à 80% des économies alimentaires d’Asie et d’Afrique. Les PME dans les CVA de transition des pays en développement ont tendance à être regroupées dans des grappes compactes tels que des PME de transformation alimentaire, des dizaines de vendeurs de repas (« gargotes ») aux arrêts de camions, et des concentrations de grossistes et de détaillants sur les marchés publics de gros et les marchés de détail de produits frais. Chacun de ces groupes pourrait comprendre de nombreuses PME. Dans ces endroits, un grand nombre de clients et vendeurs se rassemblent en une foule dense.

IFPRI. Source: Auteurs

Ce qui pourrait arriver aux chaînes d’approvisionnement alimentaire

Voici sept hypothèses, basées sur le contexte empirique et les caractéristiques structurelles mentionnées, sur les effets probables du COVID-19 sur les CVA dans les pays en développement:

1. Les impacts directs se feront ressentir post-récolte, à savoir dans le segment intermédiaire, après la ferme ou producteur primaire (par exemple, la vente en gros, la logistique et la transformation) et le segment «en aval», c’est-à-dire dans le secteur de petit commerce de détail et les entreprises de services alimentaires (les restaurants et les gargotes).

 2. Les impacts seront probablement plus forts dans les zones urbaines, les zones périurbaines, et les zones rurales denses. Compte tenu des caractéristiques du COVID-19, qui se transmet par contact humain et par les voies respiratoires, les populations plus denses tendent à favoriser sa propagation.

 3. Les effets seront plus marqués dans les segments en aval du commerce de détail et de la restauration. Ces entreprises en aval sont, pour la plupart, des PME du secteur informel et sont donc à forte intensité de main-d’œuvre dans de petits espaces. Ils ont peu de contrôle sur les pratiques d’hygiène de leurs fournisseurs ou sur les habitudes sociales de leurs clients.

 4. Les entreprises de vente au détail et de restauration dans les CVA modernes auront moins de problèmes. Elles sont beaucoup moins vulnérables aux fermetures obligatoires d’entreprises et font également face à un risque moindre de clients et d’employés contractant la maladie. Les moins touchés seront probablement les grandes chaînes de supermarchés puisque leurs magasins peuvent contrôler le flux d’entrée des consommateurs et prendre de bonnes mesures de distanciation sociale. Les supermarchés et les chaînes de restauration rapide ont également plus de contrôle sur les pratiques d’hygiène de leurs CVA, car ils se coordonnent généralement verticalement, par l’entremise de contrats et de normes privées (Swinnen 2007).

5. Les impacts directs sur la population et la production agricoles seront beaucoup plus faibles que sur les segments intermédiaires et en aval de la CVA. En effet, la plupart des petits agriculteurs des pays en développement dépendent du travail familial. Le secteur agricole, cependant, sera affecté indirectement par le COVID-19 en perturbant les chaînes d’approvisionnement en intrants et limitant la demande des consommateurs en raison de la perte de revenus et d’autres impacts économiques de la pandémie.

6. Le COVID-19 est susceptible d’augmenter les prix des produits alimentaires, à la fois en raison et en conséquence des pénuries alimentaires. Les restrictions imposées sur le fonctionnement des CVA augmenteront les coûts de transaction et donc les prix à la consommation. L’accumulation spéculative de marchandises est possible, ce qui entraînera des hausses de prix. La hausse des prix des produits alimentaires devrait, à son tour, signaler des pénuries imminentes. Ces effets peuvent se renforcer dans un cercle vicieux susceptible de provoquer des troubles sociaux (Bellemare, 2015).

 7. Les réponses au COVID-19 produiront des difficultés économiques. L’imposition de la distanciation sociale et de limites au fonctionnement interne et externe des CVA transformera les problèmes de risque sanitaire en risques de revenu et d’emploi, ainsi qu’en risques politiques.

Implications, stratégies, politiques

De toute évidence, les segments des CVA dans les pays en développement les plus vulnérables aux impacts du COVID-19 sont les segments intermédiaires et en aval. Cela présentera des défis importants pour les personnes qui y travaillent et entraînera probablement des changements économiques et opérationnels plus larges à l’avenir.

Comme la plupart de ces CVA sont au stade « transitoire », elles sont composées principalement de PME du secteur informel, avec des employés dépourvus d’enregistrement officiel et filets de sécurité sociaux comme l’assurance-chômage.

À court terme, des millions de ces entreprises seront confrontées à une clientèle fortement réduite, à des revenus plus faibles et à un chômage important.

À moyen terme, les impacts du COVID-19 sur ces segments peuvent être similaires aux épisodes antérieurs de grippe aviaire en Asie du Sud-Est dans les années 2000, qui ont induit une concentration rapide, entraînant l’essor de grandes entreprises de transformation et de supermarchés.

Comment les gouvernements doivent-ils réagir afin de minimiser les perturbations de la chaîne d’approvisionnement induites par  les diverses restrictions imposées sur le mouvement et l’activité des CVA ? La stratégie générale doit être double: d’abor mettre en œuvre des mesures de santé publique solides afin de ralentir la propagation des maladies, et ensuite aborder les impacts sur la sécurité alimentaire, en particulier les effets potentiellement énormes sur le revenu et l’emploi.

Cette stratégie présente des défis importants pour les pays en développement. La résolution des problèmes liés aux CVA nécessitera trois orientations politiques complémentaires: à court terme, mettre en place de nouveaux filets de sécurité sociaux pour les PME et les travailleurs des segments intermédiaires et en aval des CVA; par exemple, les gouvernements pourraient utiliser des programmes de travail contre rémunération et employer des travailleurs pour distribuer des rations alimentaires d’urgence, moderniser l’assainissement sur les marchés de gros et les marchés de detail de produits frais, et maintenir les opérations essentielles dans leurs propres entreprises afin que ces dernières persistent au-delà de la crise. À court et moyen terme, surveiller et réglementer plus strictement les marchés de gros, les marchés de détail de produits frais et les entreprises de transformation, et restructurer leurs sites afin d’améliorer les pratiques de santé. Enfin, faire des investissements de long terme pour aider les PME à adopter et de meilleures pratiques d’hygiène et améliorer celles déjà mises en places et à améliorer l’organisation de leur sites d’opération, ce qui les aidera à rester compétitives.

Thomas Reardon est professeur au Département d’économie agricole, alimentaire et des ressources naturelles de la Michigan State University; Marc F. Bellemare est professeur au Département d’économie appliquée de l’Université du Minnesota; David Zilberman est professeur au Département d’économie agricole et des ressources naturelles de l’Université de Californie à Berkeley. Les analyses et opinions exprimées dans cet article sont uniquement celles des auteurs.

[Traduite originellement de la traduction google et ensuite corrigee par des experts francophones. Traduction Google de la version originale anglaise disponible ici].


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